Entretien avec Sylvain Arlot - IHES
Vie scientifique

Entretien avec Sylvain Arlot

Sylvain Arlot a visité l’Institut du 1er septembre 2015 au 31 août 2016 dans le cadre de la convention entre l’Université Paris-Sud et l’IHES, permettant à de jeunes enseignant chercheurs de passer six mois à l’Institut et d’être dispensés de leurs charges d’enseignement. Sylvain Arlot a passé un an à mi-temps à l’IHES.

Il est mathématicien statisticien, a obtenu sa thèse de l’Université Paris-Sud en 2007 et de 2008 à 2015 il a été chargé de recherche CNRS à l’ENS de Paris.
En 2015 il est devenu Professeur à l’Université Paris-Sud et a obtenu la possibilité de passer une partie de son temps à l’IHES et de s’y dédier complètement à la recherche.
À l’IHES il a organisé la conférence « Statistiques/Apprentissage à Paris-Saclay » pour deux années d’affilée.

Nous avons décidé de le rencontrer pour comprendre les avantages que la convention Paris-Sud – IHES offre aux jeunes professeurs et ce qui l’a motivé à organiser une conférence de statistiques à l’IHES, où ce sujet a été très peu développé jusqu’à présent.

Qu’est-ce que votre année à mi-temps à l’IHES a représenté pour vous ?
La convention entre Paris-Sud et l’IHES m’a permis d’avoir plus de temps pour la recherche ce qui, certes, a été très appréciable, mais elle m’a aussi donné la possibilité de connaître un endroit extraordinaire comme l’est l’IHES, que je connaissais déjà de nom et où j’avais été une fois pour une conférence, mais où je n’avais jamais travaillé.
J’y ai découvert un cadre exceptionnel, remarquablement adapté à la recherche. L’atmosphère calme des lieux fait de l’IHES un endroit propice à la recherche en mathématiques, y compris dans un domaine très peu représenté comme l’était celui des statistiques à l’époque où j’ai été visiteur à l’Institut.

Avec qui avez-vous travaillé à l’Institut ?
Quand je suis arrivé à l’IHES, par hasard, Francis Bach était là aussi en ayant obtenu la Chaire Schlumberger. Je le connaissais déjà très bien parce qu’il travaille à l’ENS de Paris, que je venais de quitter. Je n’ai pas collaboré avec d’autres personnes à l’Institut, mais j’ai trouvé très enrichissante la possibilité de participer aux échanges variés qui avaient lieu, par exemple, lors des déjeuners à la cafétéria, sur des sujets plutôt éloignés de ceux sur lesquels je travaille et que j’ai ainsi pu découvrir.
L’IHES m’a aussi permis d’inviter pendant quatre jours un collaborateur, Alain Celisse, qui a donc été visiteur à l’Institut et qui a été hébergé à la résidence de l’Ormaille. Le fait qu’il loge sur place a beaucoup simplifié l’organisation de sa visite et nous avons pu profiter d’une période de travail très productive.

En janvier 2016, puis en janvier 2017, vous avez organisé à l’IHES deux éditions de la conférence « Statistique/Apprentissage à Paris-Saclay ». Qu’est-ce qui vous a motivé à choisir l’Institut?
Le sujet du traitement et de l’analyse des données, ce qu’on appelle la « data science », est très représenté à l’échelle de Paris-Saclay. Il existe une communauté importante, à forte composante mathématique, qui vient de se former et qui travaille sur des intérêts communs auxquels chacun contribue d’un point de vue différent. Elle inclut des mathématiciens et des informaticiens qui travaillent en divers lieux du campus, très grand et encore mal connecté. Il est alors très important de créer des occasions de rencontre et d’échange, d’où l’idée d’organiser cette conférence.
Même si les statistiques sont peu présentes à l’IHES, ce dernier m’a paru l’endroit idéal pour permettre à des mathématiciens de se retrouver. J’ai pensé à l’Institut comme à un lieu de référence pour tous les mathématiciens de la région, comme l’IHP l’est dans Paris.
À ça j’ajoute le fait que j’ai été très encouragé et aidé dans l’organisation de la conférence par le personnel administratif et par le Directeur même qui, à mon arrivée à l’Institut, m’a encouragé à organiser des événements scientifiques.

Pourquoi avez-vous choisi ce titre pour la conférence ?
En étant mathématicien, les sujets qui concernent le traitement et l’analyse des données rentrent pour moi dans les statistiques, mais dans une approche plus informatique on parle plus souvent de « machine learning ». Avec ce titre j’ai voulu résumer ma volonté de faire se rencontrer des personnes qui proviennent de disciplines différentes et utilisent un vocabulaire différent mais ont des intérêts communs. De plus, cette année, le fait de co-organiser la conférence avec Guillaume Charpiat, un informaticien, nous a permis d’inviter des orateurs avec des profils plus variés.

La conférence a attiré beaucoup de jeunes à l’Institut, non seulement parmi les participants, mais aussi parmi les orateurs.
C’était notre but de choisir comme orateurs de jeunes chercheurs, qui viennent d’arriver à Paris-Saclay – ce seront eux qui permettront à cette communauté intéressée à la science des données de se développer. Je pense notamment à Vianney Perchet (ENS Paris-Saclay) et à Matthieu Lerasle (CNRS, Université Paris-Sud et Ecole Polytechnique).