La Fondation
L’IHES a été créé en 1958 à une période charnière de l’histoire du monde et des sciences. Léon Motchane, un industriel d’origine russe, est un passionné des mathématiques ; il soutient même une thèse à l’âge de 54 ans. Déterminé à offrir à des scientifiques d’exception un lieu propice à l’épanouissement libre de leurs recherches, il s’inspire du modèle de l’Institute for Advanced Study (IAS) à Princeton et créé l’IHES, dédié aux sciences théoriques, tant mathématiques que physiques, et à leurs interactions.
Dès la fondation de l’Institut, Motchane s’assure du soutien emblématique de Robert Oppenheimer, alors directeur de l’IAS, qui rentre au conseil scientifique et y restera jusqu’à sa mort. Convaincus de l’intérêt du projet scientifique, les premiers contributeurs sont issus du public comme du privé, de la France, comme de l’étranger. Cette variété des soutiens de l’Institut reflète une vocation universelle qui ne s’est jamais démentie.
L’excellence n’est le privilège d’aucune nation et depuis plus d’un demi-siècle, l’IHES est un maillon de la chaîne mondiale de l’élaboration de la connaissance. L’Institut a été fondé pour des chercheurs – qu’ils soient permanents et invités – qui transcendent les frontières des mathématiques et de la physique théorique. Chaque année plus de 200 scientifiques du monde entier viennent effectuer des séjours de recherche à l’IHES.
Les directeurs de l’IHES
- 1958 – 1971 : Léon Motchane, industriel d’origine russe, passionné de mathématiques, il est le fondateur et le premier directeur de l’Institut.
- 1971 – 1985 : Nicolaas H. Kuiper, néerlandais, mathématicien
Nicolaas Kuiper a montré dans ses recherches un goût prononcé pour la topologie et la géométrie sous beaucoup de formes, de la théorie des plongements aux systèmes dynamiques, de la théorie des flexaèdres à celle des plongements tendus. - 1985 – 1994 : Marcel Berger, français, mathématicien
Géomètre riemannien à large spectre, Marcel Berger s’est notamment illustré avec le théorème du pincement 1/4, un des points de départ de la géométrie globale. Il a été président de la Société Mathématique de France de 1979 à 1981. - 1994 – 2013 : Jean-Pierre Bourguignon, français, mathématicien
Ayant pour domaine de prédilection la géométrie différentielle, notamment dans ses relations avec les équations aux dérivées partielles et la physique mathématique, Jean-Pierre Bourguignon s’est tout particulièrement intéressé à la courbure de Ricci, tant dans ses aspects mathématiques que dans le rôle qu’elle joue en relativité générale. - Depuis 2013 : Emmanuel Ullmo, français, mathématicien
Son domaine de recherche est la géométrie algébrique et arithmétique. Il est un ancien élève de l’École Normale Supérieure de Cachan (promotion 1985) et Docteur ès Sciences Mathématiques de l’Université Paris-Sud (1992).
Les présidents de l’IHES
- Joseph Pérès, Institut de France (1958-1962)
- André Grandpierre, Pont à Mousson (1962-1972)
- Jacques Ballet, Esso Standard France (1972-1973)
- Raymond Barre, Conseil général Banque de France (1973-1977)
- Pierre Aigrain, Thomson (1977-1978)
- Renaud de la Genière, Banque de France (1978-1985)
- Marcel Boiteux, Électricité de France (1985-1994)
- Philippe Lagayette, JP Morgan (1995-2014)
- Marwan Lahoud, Airbus Group (depuis 2014)
L’histoire scientifique
Personnalités scientifiques de tout premier plan, les professeurs permanents de l’IHES en constituent l’ADN. De nombreux prix internationaux ont salué leur immense contribution à la connaissance scientifique.
1958
Le Fondateur recrute Jean Dieudonné
qui reste jusqu’en 1964 et travaille sur de nombreux domaines, de la théorie des groupes à l’analyse fonctionnelle.
Alexander Grothendieck
rejoint également l’Institut. Médaillé Fields en 1966, professeur à l’IHES jusqu’en 1970, il renouvelle radicalement les fondements et les méthodes de la géométrie algébrique.
1962
Arrivée de Louis Michel,
premier professeur permanent en physique théorique et l’un des grands promoteurs de l’usage de la théorie des groupes en physique et l’étude des symétries. Il reste 30 ans à l’IHES.
1963
René Thom
(médaille Fields 1958) est recruté par Léon Motchane et reste à l’IHES jusqu’à la fin de sa carrière.
Ayant apporté des contributions majeures en géométrie différentielle et topologie, il s’intéresse ensuite au rôle des singularités dans la morphogénèse, puis à la biologie théorique, à la linguistique et à la philosophie.
1964
David Ruelle* devient professeur permanent de physique. Il apporte nombre de contributions majeures et durables en théorie quantique des champs, en mécanique statistique ainsi que dans la théorie des systèmes dynamiques.
1970
Pierre Deligne devient professeur permanent et poursuit l’édification de la géométrie arithmétique entreprise par Alexander Grothendieck. Il reçoit la médaille Fields en 1978 et quitte l’IHES en 1984.
1974
Dennis Sullivan rentre à l’Institut où il reste jusqu’en 1997. Il créé des modèles algébriques pour les espaces topologiques et contribue à l’étude des systèmes dynamiques et à une approche topologique de l’hydrodynamique. Il reçoit le prix Abel en 2022.
1978
Jürg Fröhlich devient professeur permanent et reste 4 ans. Il s’intéresse principalement à la théorie quantique des champs.
1979
Alain Connes*, professeur de la chaire Léon Motchane, après des travaux séminaux sur les algèbres d’opérateurs, fonde la «géométrie non commutative». Il reçoit la médaille Fields en 1982 et la médaille d’or du CNRS en 2004.
1982
Oscar Lanford III arrive à l’IHES et reste 7 ans pour des travaux en théorie des systèmes dynamiques, notamment avec l’application à ces systèmes d’idées issues de la théorie du groupe de renormalisation.
Il s’intéresse aux démonstrations assistées par ordinateur et est responsable des premières installations informatiques de l’IHES.
1982
Mikhail Gromov* est recruté par l’IHES. Depuis plus de trente ans à l’Institut, il transforme complètement la géométrie. Il reçoit – entre autres – le prix Kyoto (2002) et le prix Abel (2009).
1985
Jean Bourgain rejoint l’Institut et travaille sur les espaces de Banach, l’analyse harmonique et la théorie ergodique. Il reçoit la médaille Fields en 1994 avant de rejoindre l’IAS cette même année.
1989
Thibault Damour* devient professeur permanent. Il travaille sur la gravitation relativiste, la cosmologie et les nouveaux concepts de la gravitation.
Spécialiste d’Einstein, il a reçu de nombreuses récompenses, comme la médaille Einstein en 1996 et le prix Amaldi en 2010. En 2017 il a été lauréat de la médaille d’or du CNRS, la plus haute distinction scientifique française, pour ses travaux sur les ondes gravitationnelles.
1995
Maxim Kontsevich* arrive à l’Institut. Il appartient à une nouvelle génération de mathématiciens qui ont su importer dans leur discipline les points de vue de la physique quantique, ouvrant des perspectives radicalement nouvelles.
Il reçoit la médaille Fields en 1998 et de nombreux prix par la suite, le prix Crafoord (2008), le prix Shaw (2012), et deux Breakthrough Prizes en physique fondamentale (2012) et mathématiques (2014).
2000
Laurent Lafforgue* rejoint l’Institut ; deux ans plus tard, il reçoit la médaille Fields. Ses travaux sont une avancée dans le programme de Langlands.
2000
Nikita Nekrasov devient professeur permanent en physique et il reste jusqu’à 2012. Il travaille sur les théories de jauge supersymétriques, sur la théorie des cordes et sur les systèmes intégrables.
En 2002 il démontre la remarquable cohésion de ces trois sujets en introduisant la fonction de partition de Nekrasov.
2014
Jeune physicien, Vasily Pestun* est recruté comme professeur permanent. Il travaille dans le domaine de la théorie quantique des champs et la théorie des cordes. En 2016, il reçoit le prix Hermann Weyl.
2016
Hugo Duminil-Copin* est probabiliste. Ses travaux ont aussi un impact en physique mathématique, analyse complexe et combinatoire. Il reçoit la médaille Fields en 2022.
2017
Slava Rychkov* est un physicien théoricien qui s’occupe de théories de champs quantiques et conformes fortement couplées qui ne sont pas exactement solubles, avec des applications à la physique des hautes énergies, à la physique statistique et à la matière condensée.
2021
Les travaux de Laure Saint-Raymond* portent principalement sur l’analyse asymptotique de systèmes d’équations aux dérivées partielles. Elle travaille aussi sur les modèles de mécanique des fluides qui décrivent les courants océaniques.
2023
Dustin Clausen* est un spécialiste de la K-théorie algébrique, établissant des connexions entre la théorie des nombres et la théorie de l’homotopie.
* Professeur actuellement à l’IHES