Fanny Kassel, lauréate de la Médaille de mathématique de l’Académie des sciences - IHES
IHES

Fanny Kassel, lauréate de la Médaille de mathématique de l’Académie des sciences

Fanny Kassel, directrice de recherche CNRS à l’IHES, s’est vu décerner la Médaille de mathématique de l’Académie des sciences lors d’une cérémonie de remise des prix solennelle sous la Grande Coupole du palais de l’Institut de France le 15 octobre 2024.

Créée par Colbert en 1666, l’Académie des sciences est une assemblée de scientifiques, choisis parmi les plus éminents spécialistes français et étrangers. Les réflexions et les débats qu’elle conduit ont pour rôle de fournir à tous un cadre d’expertise, de conseil et d’alerte sur les enjeux politiques, éthiques et sociétaux que pose la science.

Cette distinction récompense les travaux de Fanny Kassel à l’interface entre la géométrie, la théorie des groupes, la théorie de Lie et les systèmes dynamiques. Ses recherches portent plus particulièrement sur les sous-groupes discrets des groupes de Lie, notamment en rang supérieur, en lien avec la théorie de Teichmüller supérieure.

Dans son allocution, Étienne Ghys, Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, a rappelé le rôle primordial que jouent les groupes de Lie en mathématiques avant de conclure avec une citation de Henri Poincaré qui disait que les mathématiques n’étaient « qu’une histoire de groupes », et de rappeler, non sans fierté, qu’il avait été membre du jury de thèse de Fanny Kassel.

« Au nom de toute l’IHES, je souhaite chaleureusement féliciter Fanny pour l’obtention de la Médaille de mathématique de l’Académie des sciences. Son œuvre mathématique impressionnante se situe dans les domaines de recherche d’illustres prédécesseurs tels qu’Armand Borel, Jacques Tits ou Gregory Margulis, qui sont d’ailleurs tous également passés à l’Institut. Nous nous réjouissons qu’un tel sujet soit représenté à si haut niveau à l’Institut. »

Emmanuel Ullmo, Directeur de l’IHES

Voici quelques témoignages de collègues de Fanny Kassel.

« Travailler avec Fanny Kassel au cours de la dernière décennie a été une expérience merveilleuse et passionnante. Je considère notre collaboration, à trois avec François Guéritaud, comme l’un des points culminants de ma carrière. Fanny est absolument brillante, à la fois dans sa vision créative et dans son attention méticuleuse aux détails. Nous avons commencé à travailler ensemble lors d’un programme à l’IHP durant l’hiver 2012, une période dont je me souviens comme l’un des moments les plus stimulants du début de ma carrière. Je me rappelle encore très bien l’enthousiasme qui nous animait lorsque nous travaillions tous les trois sur notre premier article dans le Jardin du Luxembourg, après avoir réalisé la complémentarité de nos approches sur les variétés anti-de Sitter (AdS) de dimension trois. Cette étincelle initiale a conduit à une longue et fructueuse collaboration, dont je suis incroyablement fier, et j’espère que nous continuerons encore à travailler ensemble pendant de nombreuses années. Je suis ravi de voir Fanny récompensée par cette distinction bien méritée. »

Jeffrey Danciger, Professeur associé de mathématiques à l’université du Texas à Austin

« La création d’une théorie de l’analyse spectrale au-delà du cadre riemannien a permis un point de vue nouveau sur la géométrie des groupes discontinus. En particulier, la notion d’action “fortement proprement discontinue” (sharp action), définie dans notre article commun Poincaré series for non-Riemannian locally symmetric spaces, s’est avérée être un outil clé dans la démonstration de l’existence d’un “spectre universel”. Dans une prépublication récente, Fanny Kassel et Nicolas Tholozan ont donné une autre application de cette condition de propreté forte en trouvant de manière remarquable une nouvelle obstruction à l’existence de groupes discontinus co-compacts dans les espaces homogènes non riemanniens. »

Toshiyuki Kobayashi, Professeur de mathématiques à l’université de Tokyo

« Fanny est une mathématicienne brillante et l’ensemble de ses travaux est exceptionnel. Tout récemment, elle a démontré — avec des collaborateurs — des résultats majeurs, sur l’amalgamation des groupes hyperboliques linéaires par exemple — qui donnent une réponse négative à une question difficile de Nori — et aussi sur les quotients compacts d’espace homogènes. A chaque fois, elle a produit des résultats inattendus. »

François Labourie, Professeur de mathématiques à l’université Côte d’Azur

Crédit photo : Chris Peus / IHES